Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/183

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J’arrivai bientôt, dans les états du cardinal de Rohan, qui avait donné permission à la légion de Mirabeau, de se former chez lui ; je ne crois pas hors de propos de faire remarquer, que quoiqu’il eut quelque raison de se plaindre de la cour, il a été le premier à défendre sa cause, tandis que d’autres qui avaient reçu de tres grandes faveurs, ont eu l’impudence de dire, que l’ingratitude était une vertu, et l’insurrection le plus saint des devoirs.

La nouvelle légion de Mirabeau, était campée et avait déja une apparence réspectable, qui inquiétait la ville de Strasbourg ; je passai la nuit dans la tente, et sous le hamac de Mr. de la Ferroniere, mon réspéctable ami, qui avait formé cette légion avec des peines infinies, et qui en était colonel en second *.


il donna son nom, l’uniforme était noir, et sur le bouton il y avait honneur aux preux. Il fit plusieurs fois des expéditions de l’autre côté de La riviere, quoique la guerre ne fut pas declarée avec l’Empire. Il vint un jour entre-autres, chez le maire d’une petite ville, se fit préparer à manger chez lui, et le força de le servir à table, avec echarpe tricolore, pour avoir le plaisir de se faire servir par la nation à ce qu’il disait.

Il est mort, très regretté de ses officiers et de ses soldats, après la premiere Campagne ; sa légion porte encore son nom et s’est souvent distingué pendant cette guerre, sous les ordres du Prince de Condé.


Dubois, Marquis, de la Ferroniere, n’avait montré jusqu’à l’age de 36 ans à peu près, aucun indice du grand caractere, qu’il a fait paraître depuis. En 1784 où 1785, il acheta une place, dans la maison militairc du Comte d’Artois, dont le service l’obligea de venir plus souvent à Paris : loin de puiser à la cour, l’ésprit accomodant et admirateur de toutes ses démarches, ainsi que les courtisans ordinaires, il semble au contraire qu’il y acquit une énergie peu commune dans ces lieux. Il prit une part tres active dès le commencement des querelles de la cour et du parlement en faveur de ce dernier.

Ce fut alors que ma connaissance avec lui devint plus intime : Je le voyais tous les jours, et toujours occupé de la malheureuse situation, dans laquelle il