Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/198

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têtes un peu vives et bien des étourdis. Cependant le spectacle de la noblesse de France, abandonnant ses biens, ses parents, pour se rendre à ce que sa conscience lui faisait regarder comme un devoir, et se soumettant à toutes les fatigues et les peines de l’état de soldat, offre à l’être pensant un spectacle rééllement intérressant.

Les peuples voisins, n’avaient pas la moindre idée de l'éxistence de ce point d’honneur, qui agissait si fortement sur les têtes Françaises ; " Le nouveau gouvernement de France, m’ont dit plusieurs fois, des officiers Allemands, vous conservait il vos gages, votre rang ; " " oui sans doute," " pourquoi donc avez vous quitté, " " l'honneur ― la cause du roy ― notre devoir." .... ils n’entendaient rien à tout cela et revenaient toujours à dire qu’ils ne concevaient pas, pourquoi nous étions sortis de France puisqu'on nous conservait nos gages et notre grade.

L’événement le plus extraordinaire qui arriva pendant cet hiver, où nous nous attendions tous les jours à recevoir des ordres de marcher, sans les voir jamais arriver, fut la nouvelle fausse du départ du roy, et de son arrivée à Bruxelles. Il est difficile de se faire une idée, de la joye excéssie qui s’empara alors de toutes les têtes, les princes en firent part à la noblesse, et céderent eux mêmes, aux transports d’allegrésse, qui animaient tout le monde.

Quelques gentils-hommes, déclarèrent, qu’on ne pouvait apprendre une aussi bonne nouvelle sans boire à la santé et an bonheur du roy ; les princes consentirent à faire venir quelques bouteilles de vin. La loyauté