Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/224

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à cheval à minuit, courir les champs, et revenir sans rien faire, on croyait que c’était quelque chose, mais non c’était seulement pour nous tenir en haleine.

J’imagine que les Prussiens et les patriotes étaient aussi oisifs que nous, pendant tout le tems que nous fumes à la Croix en Champagne, manquant de pain, sans avoir rien à faire, quoique nous ne fussions qu’à quelques milles de leur camp. C’était alors que le Duc de Brunswick, conduisait ces négotiations mystérieuses dont tout le monde a parlé, et que personne ne connait encore. Il nous arrivait de tems en temps quelques déserteurs, qui nous assuraient que le grand nombre de leur camarades, était bien disposé en notre faveur, mais qu’ils ne pouvaient se montrer qu’un jour de bataille, parceque les soldats étaient tous occupés à se garder les uns les autres, et ne pouvaient s’echapper.

Après que toutes les provisions eussent été mangées à la Croix en Champagne, nous reçumes ordre d’aller affamer le village de Some Suippe, c'est à dire de nous y cantonner ; quoiqu’il eut été visité par d’autres, nous y trouvames assez de provisions dans le commencement, mais bientôt nous manquames de pain ; cependant je puis assurer avoir couché tout le temps que nous y fumes, sur un tas de froment de plus de vingt pieds de haut, en outre de l’avoine en paille, que nous donnions à nos chevaux ; mais le manque de moulin, que les patriotes avaient détruits en se retirant où plutôt le manque d’ordre, rendait la farine et le pain fort rares.

Le paysan plus attentif à la conservation de son foin que de son avoine, en avait caché quelque peu dessous, mais on