Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/223

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pour leur cause,et dont dépendait peutêtre pour jamais, leurs propriétés, leurs femmes, leurs enfants, l’ancienne constitution de leur pays, la vie de leur roy, en un mot, leur bonheur futur, et tout ce qu’ils avaient de plus cher. Après dix à douze heures d’une attente très impatiente, on apperçut enfin quelques troupes à une grande distance : un mouvement joyeux, engagea chacun à monter à cheval nous fumes bientôt obligés de descendre, c’était des Prussiens. La journée finit par nous cantonner, au misérable village de la Croix en Champagne, qui avait été pillé par les Prussiens, parceque les paysans avaient cherchés à s’y défendre ; ils s’étaient retirés dans les bois loin de là, et nous n’y trouvames que des femmes.

Il était curieux de voir comme chacun s’évertuait pour tacher de trouver des vivres pour lui et son cheval, la crainte, qu’on avait qu’ils ne tombassent sous une autre dent affamée, les faisait toujours porter sur soi, où être présent quand le cheval mangeait : une fois je fus d’un détachement qu’on envoya à une lieue de Châalons, pour faire contribuer un village ; nos lignes étaient à quatre lieues de la ville, de sorte que les patriotes auraient pu nous enlever dans un moment ; aucune troupe n’y avait encore passée, et lorsque les habitans furent certains que l’on payait bien, on y trouva des vivres en abondance.

Un si heureux succès donna envie de l’essayer encore, mais les patriotes avaient été avertis, et l’on fut obligé de batailler sans rien attraper, que des coups. Durant notre séjour à la Croix en Champagne, on nous fit une fois monter