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Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/229

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quelques uns, le seul bon office qu’ils fussent communément capables de leur rendre, c’était de les entêrrer.

On nous hâta trois où quatre jours dans la riche vallée de l’Argonne, qui paraissait encore beaucoup plus belle à la sortie des plaines de la Champagne Pouilleuse. Il y avait dans les environs quelques troupes de paysans, où de patriotes armés dans l’espoir de pillage, elles nous donnerent une alerte, mais cela n’en valait pas la peine. Les paysans du village où nous étions, savaient tout aussi peu que nous le chemin que nous allions prendre, car quoique mus eussions marché trois jours, nous étions presque tout aussi près de Rheims qu’a nôtre départ ; leur curé constitutionél s’était sauvé au commencement de la campagne, et les dévots n’ayant pas été à l’église depuis long temps, vinrent prier notre aumonier de leur dire la messe, il y consentit de tout son coeur, et nous y assistames tres dévotement.

Nous continuames notre route, et passames par un village qui avait subi une éxécution militaire, par ce que le curé constitutionel avait ameuté ses paroissiens, et la avait engagé à tirer sur les mousquetaires, qui étaient venus établir les contributions ; après que tout eut été réglé, ils tirerent quelques coups de fusils sùr eux, comme ils se retiraient, dont un fut bléssé. Les mousquetaires reçurent ordre de revenir en plus grande force, et après quelque résistance, le malheureux village fut presqu’entiérement brulé. Nous logeames dans un petit endroit, où on nous dit le lendemain, que trente grenadiers patriotes avaient aussi passés la nuit, mais ils ne se montrerent point, et nous ne le scumes que quand il