Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/231

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la tic à un paysan armé, qui la lui demandait à genoux, il prit trop de confiance dans son air humilié, et ne lui ota pas son fusil ; il apperçut alors quelques autres paysans à une certaine distance, il courut à eux pour les désarmer ; le vilain se releva et le tua par derrière. Cela fut cause que les Houzards indignés, mirent le feu au village, et tombant en furie sur les paysans, en tuerent une douzaine et firent quelques prisonniers.

Du plus loin que nous apperçumes le clocher voisin, nous distinguames sans peine, écrit en gros caractere sur le toit au dessous du coq : Vive Louis seize, le bien aimé. Tous les paysans étaient dans les rues avec de grosses cocardes de papier blanc, que j’imagine ils ne porterent pas longtemps, car les patriotes passerent dans le même endroit peutêtre une heure après. Ce fut ce jour là que nos bons amis les Prussiens, pour empêcher nos bagages de tomber entre les mains des ennemis, eurent la bonté de s’en emparer ; voila du moins ce qu’on a rapporté : ce qu’il il y a de sùr, c’est, qu’ils furent perdus ce jour là ! Il m’est bien indifférent quo ce soit un Prussien où un Carmagnole qui se soit vêtu dans mes hardes ! Je ne préservai comme bien d’autres, que ce que j’avais derriere moi sur mon cheval.

Il est possible que ce soit seulement des préjugés, qui aient fait attribuer aux Prussiens ce petit trait de gentillesse ; cependant comme dans d’autres occasions, ils avaient été pris sur le fait, cela ne parait pas si extraordinaire. Une compagnie d’infanterie qui avait perdu ses bagages, fut toute surprise de voir la Charrette qui les contenait, conduite par