Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/233

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passer de diner parce que ses braves sujets avaient dévorés ses provisions *.


Un de leurs soldats mourant à la porte d’une maison, où deux Français prenaient une tasse de caffé, les priat de le trainer auprès du feu, afin que du moins il ne mourut pas dans la rue ; ils y consentirent et ayant eu l’occasion de s’absenter un moment, en rentrant ils trouverent les petites cuillers d’argent manquantes dans leur tasse et le Prussien décampé ; " oh, " dit l’un, " il ne doit pas être loin nous le trouverons bien vite," effectivement, à peine eurent ils fait vingt pas, qu’ils le trouverent étendu sur la terre, roide mort et les deux cuillers d’argent dans sa poche.


Leur gloutonnerie était quelque chose d’incroyàble, aussi bien que leur appétit pour les choses grasses ; un d’eux presqu’ivre mort, entrant à Stenay dans la boutique d’un apothicaire, dévorat malgré sa résistance des onguents bien gras et bien onctueux et en mourut presque sur le champ.

Nos éspérances n’étaient point encore tout à fait éteintes ; nous croyions passer notre quartier d’hiver sur terre de France et dans le pays où nous étions ; mais bientôt notre sort ne fut plus douteux. Nous reçumes ordre de nous rendre à Longuion, nous partîmes de grand matin, et passames sur les huit heures près du camp des Autrichiens, nous eumes lieu d’admirer la bonne mine qu’ils avaient encore, après cette désastreuse campagne ; ils nous parurent être en fort bon état, et n’avoir que fort peu souffert. Je ne saurais prendre plus à propos l’occasion d’assurer, que les relations qui ont dit que les Autrichiens et les émigrés avaient été les plus maltraités, sont (au moins quant à ma connaissance,) entièrement dépourvues de fondement, aussi bien que ces rapports où l’on assurait qu’ils ne laissaient