Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/30

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Le peuple qui dans ce moment, crut avec quelque apparence de raison, avoir fait plier la cour et les ministres sous sa loi, poussa son insolence et ses prétensions aux derniers éxçès, en quoi il ne fut malheureusement, que trop encouragé par le parlement, les propriétaires et généralement tous les ordres de l’état, qui dans ce moment faisaient cause commune avec lui, et se réjouissaient de l’éspéce de victoire, qu’ils venaient de remporter.

Il faut avoir été sur les lieux, où avoir vu par la suite quelques unes des orgies de la révolution, pour avoir une juste idée de la frénésie qui s’empara des têtes, lorsque le parlement, dans une longue file de plus de deux cents voitures, rentra dans la capitale, et comme en triomphe reprit possession du palais.

Ce fut à peuprès deux ans avant la révolution, à la fin de l’été de 1787, que Paris fut témoin pour la premiere fois, des scênes ridicules, extravagantes, qui depuis ont ensanglanté le thrône, renversé la monarchie, détruit toutes les propriétés, bannis ou massacrés la noblesse, le clergé, et ce même parlement qui était alors l’idole et l’objet favori de l’enthousiasme général ; elles n’ont pas laissé véstige de ces anciennes loix et établissemens qui (quoique abusifs peut-être) avaient établis et supportés avec splendeur la monarchie Française au milieu des nations de l’Europe, pendant près de quatorze siecles ! période peu commune d’éxistence dans l’histoire des peuples, mais qui par cette raison même, devait finir !