Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/29

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se trouvaient heurtés par le nouvel ordre des choses. Toujours est il certain, que la résistance fut tres populaire : chacun crut voir en lui le sauveur de la France, tous les cœurs le suivirent dans l’éxil où il fut envoyé, et l’on regarda ceux de ses membres, qui furent les objets marqués du ressentiment des ministres, comme des héros, martyrs de la juste cause qu’ils avaient entrepris de soutenir.

Quoique au moment de l’éxil du parlement, Paris fut consterné, cependant comme de tous les peuples de la terre, celui de cette ville, était peutêtre le moins sensible aux maux passés et le moins prévoyant des futurs, ce violent chagrin ne fut pas de longue durée : quand la rage se fut bien exhalée en malédiction et en juremens contre les ministres, qu’on les eut bien chansonnés, qu’on eut bien ris à leurs dépens, comme rien de pis n’arrivait, on commença à se rasseoir, et je crois en vérité que sans les parens, et les femmes des éxilés, on aurait bientôt oublié que le parlement était à Troyes.

Cependant il était infléxible et la persécution qu’il avait eprouvé, en lui découvrant pleinement, que la nation était de son coté, avait redoublé son courage. La cour voyant que l’autorité ne servait à rien, et dailleurs ayant eu le temps de s’appercevoir que le public était aigri et qu’une etincelle pourrait allumer un grand incendie, après l’avoir envoyé en éxil avec trop de légèrté, commit une plus grande faute encore, en le rappelant tout à coup, et en retirant les édits du timbre et de l’impôt territorial.