Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/64

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la province, qui était alors dans la capitale ; leur démarche enfin, deplaisant à la cour, on leur fit savoir que s’ils ne se retiraient pas promptement, ils seraient arrêtés et mis à la bastille. Les choses avaient été poussées trop loin, pour qu’une telle menace put rien changer à leur conduite ; ils se rendirent tous chez eux, afin d’y recevoir la lettre de cachet qui les y attendait et furent conduits à la bastille, le 14 juillet 1788.

A peine la nouvelle de leur arréstation, fut elle arrivé dans la province, que la noblesse loin d’être intimidé, s’assembla à quelque distance de Vannes, et résolut d’envoyer six députés par évêché, deux de chaque ordre, ce qui faisait plus de cinquante, pour demander la tenue prochaine des états et la déliverance des douze premiers. Les ésprits étaient si fort montés et tellement révoltés à l’emprisonnement des douze députés que la province avait envoyé, que l’on fit assez clairement entendre, que si les cinquante subissaient le même sort, on en enverrait un tel nombre, que toutes les prisons ne pourraient les contenir.

Quel que fut le motif, qui engagea la cour à délivrer les douze députés, il est sùr, qu’ils sortirent alors de prison ; le peuple de Paris, les reçut à la porte de la bastille, avec un enthousiasme difficile à peindre ; on les embrassa, on les caréssa, on les conduisit comme en triomphe, jusques à leur logemens, ce fut bien autre chose encore dans la province, où ils se rendirent presque sur la champ ; à leur arrivée dans les différentes villes, le vin coula sur les places, on jetta du pain, de la viande, et de l’argent au peuple, on