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Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/69

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dispositions que le peuple manifestait alors, il était clair qu’il n’eut pas tardé à en faire de nouvelles, où plutôt à dicter de nouveaux ordres. Le tiers, persistant dans ses prétentions et la noblesse dans son refus, les affaires résterent suspendues, et comme les états s’assemblaient tous les jours, et que les deux partis se trouvaient ainsi tous les jours en présence, l’animosité augmenta à un point éxtrême.

Des paroles et des menaces, on pensa bientôt à employer la force : les factieux répandirent des écrits, non seulement dans la province, mais même par tout le royaume, où l’on prétendait que la noblesse avait formé le projet d’assassiner le tiers ; l’on éxpliquait d’une maniere horrible, une querelle qui avait eu lieu, entre des porteurs de chaise, ayant la livrée de quelques gentils-hommes et des gens de bas étage.

J’ai vu à Paris un de ces écrits, qui s’exprimait ainsi, en parlant de la noblesse, " Cette abominable race, après nous avoir tyranisé pendant un long cours de siecles, avoir profité de la sueur du malheureux et de nos peines, a enfin voulu mettre le comble à ses forfaits en nous égorgeant. " et un peu plus bas, après mille invectives, on lisait, " allez coqs d’inde, faire la roue dans vos basses cours. "

Il y eut plus de quinze mille éxemplaires de cette brochure, vendus dans deux jours, tous les ramonneurs au coin des rues en avaient, qu’ils distribuaient prèsque pour rien, après quoi le gouvernement, pensa propre d’en défendre la publication .... il était tems ....

Cette crainte supposée d’être égorgée, servit de prétexte,