Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour rassembler près de sept à huit mille hommes, qui vinrent à Rennes, de toutes les villes voisines. J’ai même la preuve, qu’il en vint de Rouen, éloigné de près de trois cent mille.

Au milieu du spectacle à Nantes, on s’écria tout à coup, " on égorge vos frères à Rennes, et nous sommes ici oisifs, " "vengeons nous, dirent d’autres, sur ceux de nos énnemis qui sont parmi nous ; " le soir même, les portes de la plupart des gentils-hommes, furent marquées à la craye ! aucun massacre cependant, ne s’en suivit, mais on fit partir en hâte à peu près quatre cent jeunes gens, qui arriverent à Rennes le troisieme jour, et se joignirent à ceux des autres villes qui y arrivaient aussi de tous côtés ; ceux de Nantes reçurent en outre de leurs armes, un petit écu par jour : on n’a jamais connu positivement, qui avait fait les frais, de cet armement .... mais ils furent reçus à Rennes, aussi bien que les autres, par le gouverneur de la province, le Comte de Thiars, qui leur fit assigner des logemens et les traita d’ailleurs parfaitement bien.

Le tiers cependant, s’était retiré de la salle des états, mais la noblesse l’occupait encore, où pour mieux dire, ne la quittait plus et prévoyant l’orage qui menaçait, s’était muni d’armes, dans l’intention de vendre chèr sa vie. Le projet que l’on avait, en faisant venir ces hommes armés des différentes villes, semble avoir été manqué dans ce moment, car il parait que tout ce que les factieux désiraient, c’était d’éffrayer la noblesse et de la faire se séparer ; mais lorsqu’on vit, que loin d’être éffrayé par les ménaces, elle