Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/71

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se préparait à une résistance obstinée, on pensa alors à mettre les menaces à exécution.

A un jour donné, on lacha les brigands dans la ville ; ils arrêterent plusieurs gentils-hommes, qui n’avaient pour toute arme que leur épée, qu’ils étaient obligés de porter pendant la tenue des états, comme une marque de distinction.

Un jeune homme de dix neuf ans, (Mr. de Boishue), qui certainement n’avait rien fait qui put déplaire, puisque par son age il n’avait pas voix aux états, se défendit longtemps avec courage, mais enfin succomba sous le nombre, et fut égorgé, presque sous les yeux de sa mère, une demi-douzaine de gentils-hommes, que l’on trouva par les rues désarmés, et n’ayant nulle idée de ce qui se passait, subirent le même sort.

Au milieu de ces scènes d’horreur, il s’en passa une assez singulière pour mériter d’être rapporté. Un gentil-homme, se voyant attaqué par un grand nombre, s’écria, " Vous êtes Français ; et ne pouvez être assassins, qu’un de vous se présente et je suis prêt à le combattre. "

Un maître d’armes s’avança, la populace forma un cercle et un combat tres chaud commença animé par les cris de la multitude ; à la fin l’officier dont le nom est Mont-Boucher, désarma son adversaire, et loin de disposer de sa vie, ce que l’autre eut certainement fait : il ramassa son épée, la lui présenta, lui tendit la main et l’embrassa, au milieu des cris de joye de la multitude, qui le conduisit à la salle des états, sans lui faire de mal, et en criant bravo l’officier, bravo l’officier.