Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/81

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au roy, renforçant les représentations du prince de Conti ; " L’état, dirent ils, est dans un danger éminent, la fermentation des ésprits, conduira à une révolution dans les principes du gouvernement ; les institutions que l’on a regardé jusqu’à présent, comme sacrées et par lesquelles la monarchie a fleurie si longtemps, passent pour injustes, et sont traitées avec mépris ! Le style des mémoires des différentes corporations des villes, et même des provinces, annoncent un sistême régulier d’insurrection, et un mépris marqué pour les lois de l’état. Les opinions les plus monstrueuses et les plus condamnables, passent pour justes et raisonables. Qui pourra, ajoutaient ils, mettre des bornes à cette licence ! Les droits du thrône ont déja été disputés : ceux des deux premiers ordres, sont au moment d’être suprimés : dans peu les droits sacrés de propriété seront envahis et la distribution inégalle des richesses, sera considérée comme une maniere de réforme."


Monsieur et le Duc d’Orléans, se trouvaient alors unis, pour des motifs bien différents ; le premier, pour ne pas déplaire à son frere, qu’il savait avoir pris son parti, et l second, parce qu’il prévoyait que ce nouvel ordre de chose, était tres favorable à ses vues criminelles.


Les princes, en faisant ces représentations, (qui semblerent éxagérées dans le tems,) étaient loin de croire qu’avant peu, tout ce qu’ils annonçaient, serait mis à exécution et que même on en serait réduit, à regarder comme désirable que la fureur des parts, n’en n’eut pas fait d’avantage.

Les éléments semblaient combinés avec les novateurs, pour augmenter à un plus haut point encore, l’animosité et la rage populaire ; un orage terrible ravagea deux provinces et detruisit par la grêle, tous les fruits de la terre ! I’hyver rigoureux de 1788, vint mettre le comble à la misere et à la fureur du peuple, elle n’aurait cependant, certainement