Page:Latocnaye promenade dans l irlande.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ou Manufacture, dans la petite ville qui est auprès, tout y languit et y a l’air misérable.

Rathcormuck est un peu mieux, parce qu’il se trouve sur la grande route de Dublin à Cork : plus l’on s’approche de cette derniere ville et plus le pays prend un air negligé : je pûs le voir fort à mon aise d’une voiture coupée dans laquelle le conducteur m’offrit de m’asseoir à côté de lui, pour avoir quelqu’un avec qui causer.

J’arrivai enfin à Cork, qui est bien la ville la plus triste et la plus sale : on ne rencontre que des gens qui bâillent ; on est arrêté à tout moment, par des enterremens, des troupes hideuses de mendians où de cochons, qui courent les rues par centaines et cependant cette ville est une des plus riches et des plus commerçantes de l’Europe : les principaux marchands sont presque tous étrangers, des Écossais pour la plupart, qui dans une dixaine d’années y font quelquefois des fortunes brillantes.

Il n’est pas de ville où il y ait autant à faire, pour la rendre agréable au grand nombre de ses pauvres habitans ; l’esprit de commerce et d’intérêt s’est emparé de toutes les branches de l’administration, par éxemple on pourrait très aisément fournir la ville d’une fontaine publique, mais la personne où la compagnie qui a le privilége de conduire les tuyaux dans les maisons, pense qu’elle perdrait un grand nombre de souscriptions à une guinée par an. Ainsi pour satisfaire l’avidité d’un individu obscur, on fait souffrir le supplice de Tantale à plus de trente mille habitans. J’ai vu les