Page:Latocnaye promenade dans l irlande.djvu/25

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Au bruit qui fit l'expédition de Quibéron, des émigrés arriverent des quatres coins du monde, pour apprendre en débarquant la catastrophe qui l'avait terminée. Monsieur, frere du roy, arriva du fond de l'allemagne, et ne l'apprit que sur les côtes d'Angleterre. Cependant la guerre de la Vendée était dans toute sa force et les braves défenseurs de la royauté demandaient les secours qu'on leur avait si longtems et si vainement promis. On résolut enfin de faire une éxpédition sur leur côtes : si on y eut porté d'abord, les forces que l'on a perdu sur celles de Quiberon, cela eut certainement produit une diversion considérable en leur faveur.

Il ne parait pas qu'on eut des intentions bien sérieuses ; plusieurs propriétaires de ce pays, offrirent de s'embarquer comme volontaires sur la flotte, afin seulement d'être jetté sur la côte et d'y faire leur possible pour armer leurs paysans ; on refusa de les prendre, à moins qu'il ne s'engageassent entièrement comme les autres. L'éxpédition cependant eut lieu, on transporta le prince à l'Isle Dieu et après bien de la fatigue, on fit rentrer la flotte deux mois après, sans coup férir.

Cependant j'observai à mon grand étonnement que les émigrés à Londres, étaient moins mal qu'à mon départ, deux ans avant : quelque soit la situation où la providence nous place, le tems et la résignation rend tout supportable ; plusieurs s'étaient attachés à quelque genre d'industrie, qui leur fournissait le moyen d'éxister ; toutes les dames brodaient, et le gouvernement leur accordait toujours un léger secours aussi-bien qu'aux prêtres, et à ceux qui avaient plus de cinquante ans. Ceux qui souffraient