Page:Latocnaye promenade dans l irlande.djvu/26

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le plus, étaient les riches propriétaires en France, qui accoutumés à vivre sur leurs revenus, sans s'inquiéter du lendemain et sans aucun travail de leur part, ne pouvaient trouver en eux, les ressources que les autres avaient.

Après avoir renouvellé connaissance avec mes amis, mon génie observateur ne me permit pas de me tenir tranquille. Je courus tous les endroits où les hommes se rassemblent, depuis la taverne, jusqu'au parlement et depuis l'eglise, jusqu'à dog and duck : et partout comme dit Salomon je ne vis que vanité et n'éprouvai que véxation d'esprit.

J'avais quelques lettres de recommandations, j'en avais pour des gens très riches : Oh ! la drole de figure qu'ils faisaient, lorsque je m'approchais d'eux, le nom d'émigré ne parraissait pas leur plaire extrêmement : à coup sùr il ne leur déplaisait pas tant qu'à moi.

Plusieurs cependant, qui avait lu ma Promenade Dans la Grande Bretagne, m'engagerent à passer en Irlande et à en faire une autre dans ce pays ! je n'avais rien à faire, c'était un pays nouveau pour moi, on me fournissait de passe-ports superbes et de lettres de recommandations : je fus tenté.

Avant mon départ, je voulus savoir ce que ces aimables et savans Messieurs les libraires, avaient fait de mes livres, et bientôt j'appris à le connaitre dès le premier pas dans la boutique. Lorsque je voyais venir le book monger au devant de moi d'un air riant et honnête, je ne lui addressais seulement pas la parolle et je m'en allais sur le champ. Mais lorsqu'au contraire, il me faisait la grimace et me traitait Mal, c'était