Page:Latocnaye promenade dans l irlande.djvu/30

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chez eux, où il a encore cet avantage de leur servir quelques fois de berceau pour leurs enfans.

Les Cimetieres aussi, attirerent mon attention : ils ne sont point défigurés par une foule incohérente de tombes et d’inscriptions ridicules ; ils cultivent sur celles de leurs amis, les fleurs et les plantes qu’ils chérissaient et viennent souvent les visiter, ainsi les cimetieres ont plutôt l’air de jardins agréables, que du séjour de la mort. Il est impossible qu’un peuple qui suit une telle coutume, n’ait pas les moeurs tres douces ; je regrettai de ne pouvoir vivre quelques tems avec lui, mais j’étais en route pour l’Irlande, et je me rendis à Milford Haven, qui est bien le plus vilain trou, dans lequel voyageur pressé, puisse manger jusqu’à son dernier sou, en attendant le bon vent. Trois où quatre fois, nous mimes à la voile et aussi souvent nous fumes obligés par les vagues de rentrer dans le port, à la quatrieme enfin, nous nous arrêtames à Deal, petit village à l’entrée de la baye où nous restames huit jours.

Dans, le cours ordinaire des choses, oh ! comme j’aurais juré et me serais impatienté, en dépit de la belle et large baye et du pays singulier ; mais le hazard avait fait prendre place dans le même paquet, à une famille aimable D’Ecosse et à un Irlandais qui avait servi long tems en France, et je scus si bien prendre mon parti, que je craignais, plutôt que je ne désirais le bon vent. Nous passames enfin, et même assez rapidement, car nous joignimes l’autre côté, dans moins as vingt quatre heures.

Les commis de la douane se sont arrogés un tribut des deux côtés de l’eau sur les passagers et leur demandent