Page:Latocnaye promenade dans l irlande.djvu/36

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est singulier que jusqu’à présent on n’ait pas encore pensé à avoir une belle Eglise à Dublin, elles sont toutes vieilles, et sans la moindre décoration ; il n’y a en tout, que deux misérables clochers, ce défaut empêche la ville de paraitre à quelque distance autant qu’elle le devrait faire.

Comme mon objet n’est pas de donner une description topographique de cette grande ville, je ne m’étendrai pas davantage sur les palais et les beaux batimens qu’elle contient. Les carosses brillans et l’opulence apparente des principales maisons, rendent encore plus choquante la vue des mendiants, dont la pauvreté abjecte fait horreur. On les voit collés pendant des heures, sur les grilles des étages souterrains, et forcer la charité en privant les gens qui y demeurent de la lumière du jour : d’autres aussi, sont très insolens et obtiennent en quelque façon par force, ce qu’on ne parait pas disposé à leur donner de bonne volonté. Ces scênes dégoutantes endurcissent le cœur peu-à-peu, et je n’ai jamais été moins disposé à faire la charité, que quelque tems après avoir demeuré à Dublin.

J’employai mon loisir, les premiers jours de mon arrivée comme je fais odinairement dans pareil cas, à courir de côtés et d’autres et à me mêler autant que possible a la foule. J’en joignis une qui me semblait attendre quelque chose avec beaucoup d’impatience, et j’arrivai auprès d’un gros batiment qui avait l’air d’un vieux chateau ; il y avait une petite plateforme au niveau d’une fenêtre au sécond étage ; plusieurs hommes d’assez mauvaise mine parurent dessus, je crus d’abord