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ÉLÉGIES.

Aubern. J’appelais dans mon cœur, je réchauffais la Muse, Et dupe de ces dieux qui s’aident tour à tour, La Muse incessamment traine après soi l’Amour. Eh bien ! je suis vaincu, tout mon courage expire. Malheur à qui du tems veut mépriser l’empire : Voyez : Mai si brillant, si vain de ses couleurs, Déjà pleure sa pourpre éteinte sur les fleurs ; L’automne des forêts va dépouiller la gloire. Je l’ai vu ce coursier si cher à la victoire, Des palmes de Windsor tant de fois couronné, Sous le chaume indolent mourir abandonné ; J’ai vu, dans les langueurs de son âge débile, Plus d’un sage accuser sa jeunesse inutile, Pleurer le bien d’aimer et même son tourment. J’accours, trahissez-moi ; la vie est d’un moment. Que toutaime aujourd’hui, qu’aujourd’hui tout soupire : Le cœur qui de l’amour déjà connut l’empire, Qu’aujourd’hui son flambeau se rallume pour lui, Et qui n’a point aimé qu’il s’enflamme aujourd’hui !