ordonna de se prosterner devant lui à la façon orientale. Les nobles victimes se refusèrent à subir cette insulte et se contentèrent de le saluer selon l’usage français. Blessé dans son amour-propre, le lâche les fit alors jeter violemment à terre devant lui.
Mgr Daveluy, martyrisé en Corée (1866).
Les bourreaux, après avoir dépouillé Mgr Daveluy de tous ses
vêtements, lui attachèrent les bras à la hauteur des coudes,
derrière le dos. Ils le firent mettre à genoux et pencher la tête
en avant. C’est alors que commença
une scène inouïe. Par un
infâme calcul, le bourreau, au
lieu de lui trancher la tête d’un
seul coup, lui fit seulement une
profonde blessure, d’où jaillissaient
des flots de sang. Alors,
jetant son sabre, il refusa de continuer
sa besogne à moins d’une
augmentation de salaire. Spéculant
sur la pitié que les souffrances
atroces de sa victime devaient
éveiller chez le mandarin,
il avait choisi ce moment, où il
se croyait nécessaire, pour exiger davantage. Mais l’avarice tenait
le cœur du mandarin tout autant que celui de ce misérable, et
tandis que leur victime, baignée dans son sang, se tordait dans
les convulsions d’une affreuse agonie, ces hommes ou plutôt ces
tigres débattaient froidement le salaire de l’exécuteur. Enfin,
après une discussion assez longue, l’ignoble marché fut conclu,
et deux autres coups de sabre terminèrent les souffrances de
Mgr Daveluy.
M. Aumaître reçut deux coups ; un seul suffit pour M. Huin et les deux chrétiens leurs compagnons. Les corps des martyrs restèrent trois jours sur le rivage, abandonnés aux animaux carnassiers et aux oiseaux de proie, qui cependant les respectèrent. Les païens du voisinage les enterrèrent enfin dans une fosse commune, et plusieurs mois après seulement, lorsque le feu de