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nouvelles mariées, violette pour les femmes au-dessous de trente ans, et blanche pour celles d’un âge plus avancé. En guise de robe, elles s’entourent d’une large toile bleue, qu’elles attachent sous les bras au moyen d’une ceinture. Pour les femmes du peuple, qui sortent à volonté, cette jupe s’arrête au-dessus du pied ; pour les femmes nobles, à qui l’étiquette ne permet pas de sortir de leurs appartements, elle est ample et traîne à terre. Les veuves, si jeunes qu’elles soient, doivent toujours être revêtues de toile blanche ou grise. Les Coréennes ne s’estropient point, comme les Chinoises, pour avoir de petits pieds ; elles laissent agir la nature. Les femmes du peuple voyagent presque toujours nu-pieds. Leurs cheveux, roulés en tresse autour du crâne, servent de coussinet pour les vases d’eau et autres objets pesants qu’elles portent habituellement sur la tête.

Ajoutons, pour terminer cette esquisse, que les hommes en deuil doivent contenir leurs cheveux dans un filet, non de crin, mais de toile grise, surmonté d’un bonnet de même étoffe, de la forme d’un sac grossier. En chemin, ils portent au lieu de chapeau, une immense toiture de paille, en cône tronqué, qui descend jusqu’aux épaules.

Les couleurs éclatantes sont tellement interdites à l’homme en deuil, que sa canne même et le tuyau de sa pipe doivent être blancs. S’il ne veut en acheter d’autres, il couvre de papier sa canne et sa pipe habituelles, ce qui est aussi facile que peu dispendieux. La forme des vêtements ne change point pour la femme en deuil, mais la couleur rigoureusement prescrite est le blanc ou le gris ; toutes les autres sont prohibées. Aux yeux des Coréens, un homme en deuil est un homme mort. Il doit être tout absorbé dans sa douleur, ne rien voir, ne rien entendre qui puisse l’en distraire. Il a toujours, quand il sort, un éventail ou petit voile en toile grise fixé sur deux bâtonnets, avec lequel il se couvre le visage. Il ne fréquente plus la société ; à peine se permet-il de regarder le ciel. Si on l’interroge, il peut se dispenser de répondre. Il ne peut pas tuer un animal, même un serpent venimeux ; ce serait un crime irrémissible. En route et dans les auberges, il se retire dans une chambre ou dans un coin isolé,