Page:Launay, Dallet - La Corée et les missionnaires, 1901.pdf/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grossières, mais solides, qui suffisent aux besoins habituels. Chaque paysan connaît et recueille les graines requises pour la teinture, et celles qui servent de remèdes dans les maladies les plus ordinaires. Il confectionne lui-même ses habits, ses souliers de paille, ses sabots, les corbeilles, paniers, balais, cordes, ficelles, nattes, instruments de labour, dont il a besoin. Le cas échéant, il répare le mur, le toit, la charpente de sa maison. En un mot, il se suffit ; mais, comme il est facile de le comprendre, il ne travaille à chaque chose que dans la mesure de la nécessité présente, se contente des procédés les plus simples et les plus primitifs et ne peut jamais arriver à une habileté remarquable.

Il n’y a d’ouvriers spéciaux que pour les métiers qui exigent des outils particuliers, et un apprentissage de la manière de s’en servir. Mais, dans ce cas même, les ouvriers établis d’une manière fixe et travaillant dans leur boutique sont excessivement rares. D’habitude chacun d’eux va où on l’emploie, portant ses outils sur le dos, et, quand il a fini quelque part, cherche de l’ouvrage ailleurs. Ceux mêmes qui ont besoin d’une certaine installation ne se fixent définitivement nulle part. Les potiers, par exemple, s’établissent aujourd’hui dans un lieu où le bois et l’argile sont à leur convenance ; ils y bâtissent leur cabane et leur four, fabriquent pour les gens du voisinage quelques porcelaines grossières, des vases de terre assez solides et d’une capacité quelquefois monstrueuse ; puis, quand le bois est épuisé, ils vont chercher fortune ailleurs. Les forgerons agissent de même, et s’éloignent quand l’extraction du minerai devient trop difficile. Aussi jamais de grandes fabriques, jamais d’exploitation sérieuse, jamais d’ateliers qui en méritent le nom. Des baraques de planches mal jointes, facilement emportées par le vent ou effondrées par la pluie ; des fours ou fourneaux sans solidité qui se fendent à chaque instant, voilà tout. Par suite, le profit est presque nul. Les individus qui ont de l’argent ne songent guère à le mettre dans de pareilles entreprises, et parmi ceux qui avec quelques centaines de francs veulent tenter la fortune, la moitié se ruinent en quelques mois.

Les Coréens prétendent qu’ils fabriquent et exportent en Chine