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dix ou douze heures, afin que toute la vertu du sang passe dans les cornes, puis on les fait sécher sur un feu doux avec toutes les précautions possibles. Pour s’en servir, on racle un peu cette corne, on la mélange avec le jus de quelques plantes, et on l’administre au malade. Mgr Daveluy atteste qu’il a usé fréquemment de ce remède pendant de longues années d’épuisement, et qu’il en a ressenti d’excellents effets. Le sang de cerf, pris chaud, passe aussi pour donner à tous les membres une vie et une force extraordinaires.

« Quand on en a bu, disaient des chasseurs chrétiens à un missionnaire, les montagnes les plus escarpées semblent une plaine, et l’on ferait le tour du royaume sans aucune fatigue. »

Un autre moyen curatif dont il convient de dire un mot, c’est l’acupuncture. Elle consiste, pour les médecins coréens, à percer d’un coup de lancette divers points du corps, afin de rétablir la machine dans son équilibre naturel. Il existe des traités spéciaux sur cette partie de l’art chirurgical, la seule connue des Coréens ; ils savent même fabriquer avec du fil de fer des modèles du corps humain, afin d’indiquer exactement aux étudiants les endroits où la lancette doit être enfoncée. Sous la main d’un opérateur habile, l’instrument, excessivement mince, pénètre jusqu’à quatre ou cinq centimètres de profondeur, et c’est à peine s’il sort quelques gouttes de sang. Les missionnaires assurent qu’ils ont souvent vu des effets remarquables et toujours très prompts de ce genre de traitement.

Les Coréens, peu avancés dans les études scientifiques, ne le sont guère plus en connaissances industrielles. Chez eux, les arts utiles n’ont fait, depuis des siècles, absolument aucun progrès. Une des principales causes de cet état d’infériorité, c’est que dans chaque maison, on doit faire à peu près tous les métiers et fabriquer soi-même les objets de première nécessité. La récolte donne au laboureur tout ce qu’il lui faut, et pendant l’hiver il devient tour à tour tisserand, teinturier, charpentier, tailleur, maçon, etc. Il fait chez lui le vin de riz, l’huile, l’eau-de-vie. Sa femme et ses filles filent le chanvre, le coton, la soie même, quand il a pu élever quelques vers ; elles en tissent des étoffes