Page:Launay, Dallet - La Corée et les missionnaires, 1901.pdf/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fois les céréales servaient de monnaie ; car, encore dans la langue actuelle, celui qui porte son blé au marché pour le vendre dit qu’il va acheter, et celui qui va en acheter dit qu’il va vendre.

Le taux de l’argent est énorme en Corée. Celui qui le prête à trente pour cent est censé le donner pour rien. Le plus habituellement on réclame cinquante, soixante, quelquefois même cent pour cent. Il est juste de dire que la rente de la terre, qui doit servir de point de départ pour apprécier le taux de l’argent, est en ce pays relativement considérable. Dans les bonnes années, le cultivateur tire de ses champs environ trente pour cent de la valeur du fonds.

Une autre entrave aux transactions commerciales, c’est le triste état des voies de communication. Les rivières navigables sont très rares en Corée ; quelques-unes seulement portent bateau, et cela dans une partie fort restreinte de leur cours. D’un autre côté, l’art de faire des routes, dans ce pays de montagnes et de vallées est à peu près inconnu. Aussi presque tous les transports se font, soit à dos de bœufs ou de chevaux, soit à dos d’hommes.

« Les routes, écrit Mgr Daveluy, se divisent, théoriquement du moins, en trois classes. Celles de première classe, que je traduis par routes royales, ont généralement une largeur suffisante pour quatre hommes de front. Comme il n’y a pas de voitures en province, c’est tout ce qu’il faut pour les piétons et cavaliers. Elles sont bonnes ou mauvaises suivant la saison. Mais il arrive fréquemment qu’elles sont diminuées des trois quarts par quelque grosse pierre ou fragment de rocher, ou parce que la pluie a emporté une partie du chemin. Personne, naturellement, ne songe à remédier à ces petits inconvénients, et souvent il faut grimper sur ces rochers avec sa monture, au risque de se casser le cou ou de rouler dans le fossé. Toutefois, aux environs de la capitale, ces routes sont un peu mieux entretenues. La principale est celle qui va de Séoul à la frontière de Chine. Il y en a une autre, assez belle, dit-on, longue de huit lieues seulement, qui conduit du palais à un tombeau royal.