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II

PREMIERS MARTYRS

Cependant, à cause des circonstances difficiles où l’on était, le besoin d’avoir de véritables pasteurs se faisait sentir chaque jour de plus en plus. Se voyant dans l’impossibilité de communiquer avec l’évêque de Pékin et comprenant la nécessité des pasteurs réguliers, sans se douter de l’origine surnaturelle du sacerdoce catholique, ils résolurent d’y suppléer selon leurs faibles moyens. Dans une grande assemblée, François-Xavier Kouen, qui s’était toujours montré le plus courageux dans la foi et le plus savant dans les questions de religion, fut nommé évêque ; Louis de Gonzague et quelques autres furent élus prêtres. Chacun reçut en partage un district à évangéliser, et dès lors ils commencèrent à exercer toutes les fonctions sacerdotales autant que pouvait le leur permettre leur science assez bornée des choses saintes. Ce clergé improvisé se mit donc à baptiser, à confirmer, à confesser et à célébrer les saints Mystéres. Ainsi, pendant plusieurs années, il s’acquitta de toutes ces fonctions sacrées avec un zèle désintéressé et à la satisfaction générale.

C’était merveille de voir même les nobles Coréens se soumettre, comme les derniers du peuple, à l’autorité et aux pénitences quelquefois très humiliantes que leur imposaient ces ministres prétendus. Il va sans dire que, à part le baptême, les autres sacrements administrés par des mains profanes n’avaient aucune valeur.