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Qui cependant n’admirerait la simplicité et la ferveur de ces pauvres néophytes ? Qui ne serait touché à la vue des grands efforts que ces vaillants lettrés, sortis à peine des ténèbres du paganisme, tentaient avec tant d’énergie contre le mauvais vouloir des hommes et dans l’abandon universel où ils se voyaient réduits ? Leur ignorance de la nature divine et de la perpétuité hiérarchique du sacerdoce dut les excuser devant Dieu d’en avoir usurpé les fonctions sacrées. Ils n’avaient, du reste, que sa gloire en vue, et c’était pour lui plaire qu’ils échangeaient leur titre de maître de science avec celui de maître de religion.

Sur ces entrefaites, une nouvelle ambassade pour la Chine se préparait à quitter la Corée. Francois-Xavier Kouen, l’évêque de ce singulier clergé, avait depuis quelque temps des doutes sur la validité de son titre et de ses fonctions. L’étude plus attentive de certains passages des livres de religion l’avait plongé dans l’incertitude, et il résolut de s’éclairer à ce sujet. Il envoya donc à l’évêque de Pékin une longue lettre dans laquelle, après lui avoir exposé sa conduite passée, il lui demandait aussi la solution de plusieurs cas très embarrassants, vu l’ignorance des pasteurs et des ouailles.

Un jeune homme de noble famille, nommé Ioun, qui étudiait depuis peu la religion, s’offrit de porter la lettre de Xavier Kouen à l’évêque de Pékin. Élevé jusque-là dans la délicatesse une maison noble, Ioun, afin d’accomplir son dessein, s’abaissa jusqu’à solliciter l’emploi de domestique auprès d’un des membres de l’ambassade. Il suivit ainsi, au prix des plus grandes fatigues, la caravane à pied, malgré sa jeunesse, et trouva heureusement la maison des missionnaires de Pékin.

Au récit de ce bon jeune homme, l’évêque et ses missionnaires bénirent la miséricorde divine qui avait accompli en Corée de si grandes choses avec de si faibles moyens. Aux questions de la lettre de Xavier, l’évêque répondit en détail ; il le blâmait naturellement de s’être attribué l’autorité spirituelle, et il lui ordonnait de quitter les fonctions sacrées qu’il exerçait sans valeur.

Ioun fut récompensé à Pékin même de son dévouement à la cause de la foi. Il acheva de s’instruire pendant son séjour à