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la capitale, et y reçut les sacrements de baptême, de confirmation et d’eucharistie. Fortifié par la bénédiction de l’évêque et sa promesse d’envoyer un prêtre au plus tôt prendre soin de ces nouveaux fidèles, Paul Ioun reprit joyeusement la route de son pays. Les ordres si clairs de Pékin furent reçus avec soumission, et le clergé national de la Corée disparut devant la lettre du pasteur légitime.

Paul Ioun retourna cette année encore à Pékin à l’occasion d’une autre ambassade, afin de solliciter plus vivement l’évêque d’envoyer des prêtres en Corée. On était malheureusement à l’époque de la Révolution française, en 1790. Les bouleversements politiques avaient tué dans leur germe bien des vocations apostoliques et tari les aumônes destinées aux missions. À Pékin, le gouvernement chinois persécutait la religion, et il était impossible à l’évêque, malgré ses désirs, d’aller à la conquête d’une nouvelle mission, quand il ne pouvait plus fournir de prêtres à ses anciens chrétiens. Toutefois Paul Ioun, comme un gage de la bonne volonté du prélat, reçut des ornements sacrés et tout ce qui était nécessaire au saint sacrifice, avec l’ordre de tout tenir prêt pour l’entrée secrète d’un prêtre. Bien grande fut la joie de ces pauvres néophytes à la vue de ces objets, et ils bénirent Dieu d’avoir pris leur sort en pitié.

Avant de leur accorder la faveur tant désirée d’un prêtre, Dieu leur envoya encore une terrible épreuve. En Corée, il y a plusieurs religions reconnues ou du moins tolérées par le gouvernement. Confucius et Bouddha ont des temples, ainsi que d’autres philosophes en honneur parmi les lettrés, qui, du reste, suivent aveuglément toutes les erreurs du Céleste Empire. Quant aux gens du peuple, dans la pratique, leur religion se réduit à quelques superstitions puériles et au culte des ancêtres. L’amour des parents pendant leur vie et la vénération pour leur mémoire poussés jusqu’à l’exagération : telle est la perfection proposée à tous les enfants, et telle est aussi à peu près toute la religion des Coréens. Aussi, à l’occasion de l’enterrement de leurs parents, il n’est point de dettes qu’ils ne contractent, point de dépenses qu’ils ne fassent pour relever la pompe de leurs funérailles et leur donner