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V

LUTHGARDE NI, VIERGE ET MARTYRE (1802)

Bien d’autres fidèles donnèrent leur vie pour Jésus-Christ ; nous ne pouvons les citer tous, mais nous ne saurions vraiment passer sous silence la vie édifiante et la mort héroïque de Luthgarde Ni.

Elle naquit à la capitale, vers l’an 1782, d’une très noble famille. Son père descendait de la race royale, et quoiqu’il eût perdu son titre de prince, il était demeuré cependant l’un des chefs les plus influents du parti Nam-ni si dévoué au roi. Ce qui ajoute surtout à l’éclat de cette famille, c’est que les deux frères de Luthgarde, eux aussi, Charles et Paul Ni, eurent la gloire de donner leur vie pour Jésus-Christ.

Luthgarde avait reçu du ciel un caractère résolu, un cœur très aimant et une intelligence supérieure, qualités précieuses que développa une éducation convenable à son rang. Son enfance s’était écoulée sous les yeux de sa pieuse mère, qui consacrait sa vie à élever ses enfants dans la crainte de Dieu. Le Père Tsiou hésitait à l’admettre aux sacrements à cause de son jeune âge. Mais, sentant déjà le prix inestimable des dons de Dieu, elle s’enferma dans sa chambre et se mit à étudier et à se préparer avec tant de soin, que le Père se laissa toucher et lui fit faire sa première communion. Pour conserver les fruits précieux de l’Eucharistie, elle voua à Dieu sa virginité.

Luthgarde avait alors quatorze ans, et son pieux projet devait