Page:Launay, Dallet - La Corée et les missionnaires, 1901.pdf/226

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nous était arrivé fut mis à mort avec un grand nombre de chrétiens, et tous les autres, accablés d’affliction et de crainte, se sont dispersés peu à peu. Ils ne peuvent se réunir pour les exercices de religion, chacun se cache.

« Il ne nous reste d’espérance que dans la très grande miséricorde divine, et la grande compassion de Votre Sainteté, qui voudra bien nous secourir et nous délivrer sans retard ; c’est objet de nos prières et de nos gémissements.

« Depuis dix ans, nous sommes accablés de peines et d’afflictions ; beaucoup sont morts de vieillesse ou de diverses maladies, nous n’en savons pas le nombre ; ceux qui restent ignorent quand ils pourront recevoir la sainte instruction. Ils désirent cette grâce comme dans une soif brûlante on désire se désaltérer ; ils l’appellent comme dans un temps de sécheresse, on appelle la pluie. Mais le ciel est très élevé, on ne peut l’atteindre ; la mer est très vaste, et il n’y a pas de pont au moyen duquel nous puissions aller chercher du secours.

« Nous, pauvres pécheurs, ne pouvons exprimer à Votre Sainteté avec quelle sincérité, avec quelle ardeur nous désirons recevoir son assistance. Mais notre royaume est petit, éloigné, situé dans un coin de la mer ; il ne vient ni vaisseaux ni voitures au moyen desquels nous puissions recevoir vos instructions et vos ordres, et quelle est la cause d’une telle privation, sinon notre peu de ferveur et l’énormité de nos péchés ? C’est pourquoi maintenant, nous frappant la poitrine avec une crainte profonde et une douleur sincère, nous prions très humblement le grand Dieu qui s’est incarné, qui est mort en croix, qui a plus de sollicitudes pour les pécheurs que pour les justes, et Votre Sainteté qui tient la place de Dieu, qui a soin de tout le monde, et délivre véritablement les pécheurs.

« Nous avons été rachetés, nous avons quitté les ténèbres ; mais le monde afflige nos corps ; le péché et la malice oppriment nos âmes.

« Nos larmes et nos gémissements, nos afflictions sont de peu de valeur, mais nous considérons que la miséricorde de Votre Sainteté est sans bornes et sans mesure, qu’en conséquence elle aura