Page:Launay, Dallet - La Corée et les missionnaires, 1901.pdf/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fait une consommation considérable, vient très bien au milieu des plantations de tabac et fournit une ressource précieuse. Malheureusement, la terre s’épuise assez vite, et tandis que dans les vallées on ne voit jamais de champs en jachère, il faut sur les montagnes, après quelque temps, laisser reposer le terrain pendant plusieurs années ; encore ne retrouve-t-il presque jamais la même force productive qu’il avait après le premier défrichement.

Les fruits sont abondants en Corée ; on y retrouve presque tous ceux de France, mais quelle différence pour le goût ! Sous l’influence des pluies continuelles de l’été, pommes, poires, prunes, fraises, mûres, raisins, melons, etc., tout est insipide et aqueux. Les raisins ont un suc désagréable ; les framboises ont moins de saveur que les mûres sauvages de nos haies ; les fraises, très belles à la vue, sont immangeables ; les pêches ne sont que des avortons véreux, etc. On mange beaucoup de cornichons et de pastèques, ou melons d’eau, qui sont peut-être le seul fruit passable que produise le pays. Quelques missionnaires font une autre exception en faveur du fruit du lotus diospyros, que l’on désigne en France par son nom japonais kaki (le nom coréen est kam). Pour la couleur, la forme et la consistance, ce fruit ressemble assez à une tomate mûre. Le goût rappelle celui de la nèfle, mais lui est bien supérieur.

Les fleurs sont très nombreuses. Pendant la saison les champs sont émaillés de primevères de Chine, de lis de différentes espèces, de pivoines et d’autres espèces inconnues en Europe. Mais, à part l’églantine, dont le feuillage est très élégant, et le muguet, qui ressemble à celui d’Europe, toutes ces fleurs sont inodores, ou d’un parfum désagréable.

On cultive aussi le gen-seng, mais il est extrêmement inférieur en qualité au gen-seng sauvage de la Tartarie. Cette plante fameuse est, au dire des habitants de l’Extrême-Orient, le premier tonique de l’univers. Ses effets sont bien supérieurs à ceux du quinquina. D’après les Chinois, le meilleur gen-seng est le plus vieux ; il doit être sauvage, et, dans ce cas, il se vend au prix exorbitant de cinquante mille francs la livre. La racine seule est en usage. On la coupe en morceaux, que l’on fait infuser dans du