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vin blanc, pendant un mois au moins. On prend ce vin à très petites doses. Il n’est pas rare de voir des malades à l’article de la mort, qui, au moyen de ce remède, parviennent à prolonger leur vie de quelques jours. Le gen-seng cultivé abonde dans les diverses provinces de Corée. On le joint à d’autres drogues pour fortifier le malade, mais on ne l’emploie presque jamais seul. Depuis quelques années, son prix a doublé, à cause de la quantité considérable que l’on fait passer en Chine par contrebande, car les habitants du Céleste-Empire en font encore plus grand usage que les Coréens. Le gen-seng, essayé à diverses reprises par les Européens, leur a, dit-on, causé le plus souvent des maladies inflammatoires très graves ; peut-être en avaient-ils pris de trop fortes doses ; peut-être aussi faut-il attribuer cet insuccès à la différence des tempéraments et de l’alimentation habituelle.

Les animaux sauvages, tigres, ours, sangliers, sont très nombreux en Corée, les tigres surtout, qui chaque année font beaucoup de victimes. Ils sont d’une petite espèce. On trouve aussi quantité de faisans, de poules d’eau et d’autre gibier. Les animaux domestiques sont généralement d’une race inférieure. Les chevaux, quoique très petits, sont assez vigoureux. Les bœufs sont de taille ordinaire. Il y a énormément de porcs et de chiens ; mais ces derniers sont peureux à l’excès, et ne servent guère que comme viande de boucherie. On assure que la chair du chien est très délicate ; quoi qu’il en soit, c’est en Corée un mets des plus distingués. Le gouvernement défend d’élever des moutons et des chèvres ; le roi seul a ce privilège. Les moutons lui servent pour les sacrifices des ancêtres ; les chèvres sont réservées pour les sacrifices à Confucius.

Il est impossible de parler du règne animal, en Corée, sans mentionner les insectes et la vermine de toute espèce, poux, puces, punaises, cancrelats, etc., qui, pendant l’été surtout, rendent si pénible aux étrangers le séjour dans ce pays. Tous les missionnaires s’accordent à y voir une véritable plaie d’Égypte. En certaines localités, il est physiquement impossible de dormir à l’intérieur des maisons pendant les chaleurs, à cause des cancrelats ; et les habitants préfèrent coucher au grand air, malgré