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ment ses vêtements et ses petites fournitures. Mais c’était encore trop pour son pauvre père. Laurent se mit à fabriquer des chapelets qu’il vendait pour s’entretenir. Grâce à son application et à ses moyens naturels, il faisait des progrès sérieux et rapides dans ses études.


Statue de Mgr Imbert, vicaire apostolique de la Corée, à Calas (Bouches-du-Rhône).
D’un autre côté, son ambition s’accrut avec son adresse dans la fabrication des chapelets. Il fit venir de Lyon du fil d’argent et des médailles et perfectionna son travail à ce point qu’il servit, avec le surplus de ses épargnes, un petit revenu mensuel de 15 francs à son vieux père. Ainsi il acheva ses études, passa ses examens de bachelier ès lettres et entra au grand séminaire d’Aix, s’entretenant toujours par la vente de ses chapelets. Il pratiquait une grande mortification et s’imposait des privations extraordinaires afin de croître en vertu et de se préparer aux fatigues de l’apostolat. C’était là, en effet, le but et le rêve caressés de ce saint jeune homme.

Après avoir consulté Dieu longtemps dans la prière, il partit pour le séminaire des Missions étrangères de Paris. Il y passa quinze mois, et s’embarqua pour la Chine en 1820. Il fut cinq années avant d’arriver au Su-tchuen, où il travailla pendant douze ans avec un grand zèle et des fruits de salut très abondants.

À la mort de Mgr Bruguière, on pensa à lui pour le remplacer. Sacré évêque de Capse, il se rendit aussitôt sur les frontières de la Corée et profita de la foire annuelle de Pien-men pour y entrer avec les courriers envoyés à sa rencontre.

« Dieu soit béni, écrivait-il peu après ; qu’importent les fatigues ! Je suis au milieu de mes enfants, et le bonheur que j’éprouve à les voir me fait oublier les peines qu’il m’a fallu endurer pour me