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réunir à eux. J’ai passé le premier jour de 1838 sous le toit d’une famille chrétienne. Dès le soir, M. Maubant est venu me rejoindre.

Nous nous sommes embrassés comme des frères.

Trois mois après, Mgr Imbert pouvait déjà entendre les confessions. Ses deux confrères, après avoir terminé leur administration dans les districts éloignés, vinrent l’aider à la capitale et lui rendre compte de leurs succès. Depuis l’arrivée de l’évêque, tous trois avaient baptisé près de deux mille païens adultes. Au lieu de six mille chrétiens qu’avait trouvés M. Maubant à son entrée en Corée, à la fin de 1838, on en comptait neuf mille.

Laissons Mgr Imbert nous raconter au prix de quels travaux ces fervents apôtres achetaient des succès si consolants.

« Je suis accablé de fatigue, écrivait-il, et je suis exposé à de grands périls. Chaque jour je me lève à deux heures et demie. À trois heures, j’appelle les gens de la maison pour la prière, et à trois heures et demie commencent les fonctions de mon ministère par administration du baptême, s’il y a des catéchumènes, ou par la confirmation. Viennent ensuite la sainte messe, la communion, l’action de grâces. Les quinze à vingt personnes qui ont reçu les sacrements peuvent ainsi se retirer avant le jour. Dans le courant de la journée, environ autant entrent, un à un, pour se confesser et ne sortent que le lendemain matin, après avoir reçu la sainte communion. Je ne demeure que deux jours dans chaque maison, où je réunis les chrétiens et, avant que le jour paraisse, je passe dans une autre. Je souffre beaucoup de la faim, car, après s’être levé à deux heures et demie, attendre jusqu’à midi un mauvais et faible dîner, d’une nourriture peu substantielle, sous un climat froid et sec, n’est pas chose facile.

« Après le dîner, je prends un peu de repos, puis je fais la classe de théologie à mes grands écoliers ; ensuite, j’entends encore quelques confessions jusqu’à la nuit. Je me couche à neuf heures, sur la terre couverte d’une natte et d’un tapis de Tartarie ; car, en Corée, il n’y a ni lit, ni matelas. J’ai toujours, avec un corps faible et maladif, mené une vie laborieuse et fort occupée ; mais ici je pense être parvenu au superlatif et au nec plus ultra du travail. Vous pensez bien qu’avec une vie si pénible, nous ne craignons