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Le martyr Alexandre Hoang, ami intime d’Augustin, a laissé dans ses mémoires un éloge pompeux de cet homme de bien.

« Partout, dit-il, à cheval ou en bateau, Augustin méditait sur les mystères de la religion. S’il rencontrait des ignorants, il mettait tous ses soins à les instruire, et, quelque fatigué qu’il fût, on ne voyait en lui ni paresse, ni ennui à le faire. Il composa en coréen, sur les principaux articles de la foi, deux livres, dans lesquels il réunit tout ce qu’il en avait appris. Grâce à la précision admirable de son esprit et à sa parole claire et simple, il fortifiait la foi et échauffait la charité dans le cœur de tous. »

Le Père Tsiou le nomma président de la confrérie de l’Instruction chrétienne, et son zèle pour la religion, qui le distinguait entre tous, devait nécessairement le désigner à la haine spéciale de ses ennemis. Un accident qui arriva au porteur d’une caisse appartenant au prêtre, fut la cause de son arrestation. Afin de déguiser la forme de cette boîte, cet homme l’avait entourée de branches d’arbre ; mais le volume et l’étrangeté du fardeau attirèrent l’attention d’un agent de la police. Il conduisit le porteur devant le mandarin ; la vue d’objets et d’ornements sacrés dont cette boîte était remplie causa une vive surprise dans le prétoire.

Augustin, compromis par les révélations du porteur, fut jeté en prison avec deux de ses frères. Ceux-ci, bien que chrétiens sincères, étaient loin d’avoir sa générosité. Effrayés par les menaces de supplices épouvantables, ils fermèrent l’oreille aux courageuses exhortations d’Augustin, et, par une apostasie extérieure, ils purent, cette fois, sauver leur vie et partirent pour un exil perpétuel. Peu de temps après cependant, l’un d’eux, après avoir travaillé par ses écrits à l’apologie de la religion, eut le bonheur de laver dans son sang son apostasie passagère.

Augustin Tieng demeura ferme dans les tortures et fut condamné à mort. Ses derniers moments couronnèrent dignement une si sainte vie. Marchant au supplice avec joie, il s’efforçait d’imiter Notre-Seigneur dans les circonstances de sa passion, et il voulut même, comme lui, demander un peu d’eau pour étancher sa soif ; il s’écria :

« Le Seigneur suprême du ciel vous a créés et vous conserve.