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apostolique de la Corée. À cette occasion il avait écrit au souverain pontife :


« Très Saint-Pére,

« Appuyé sur la bonté du Dieu des miséricordes, qui donne plus abondamment son secours, à ceux qui sont dans l’indigence, je reçois avec humilité le fardeau que vous m’imposez. Je remercie Votre Sainteté, et mes actions de grâces sont d’autant plus grandes, que la partie de la vigne du père de famille qui m’est assignée est plus abandonnée et d’un travail plus difficile… »


Les sentiments apostoliques du missionnaire sont encore mieux exprimés dans une lettre qu’il adressa à cette époque aux directeurs du séminaire des Missions étrangères.

« Messieurs, leur disait-il, il ne manque à la mission de Corée rien de ce qui fait ici-bas le partage de l’heureuse famille d’un Dieu persécuté, conspué, crucifié. Prions le Seigneur de réaliser l’espérance exprimée par Mgr de Capse mourant, de voir son peuple se ranger bientôt sous les lois de l’Évangile. Le sang de tant de martyrs n’aura point coulé en vain ; il sera pour cette jeune terre, comme il a été pour notre vieille Europe, une semence de nouveaux fidèles.

« Je ne pense pas que le monde puisse, avec ses richesses et ses plaisirs, offrir à ses partisans une position qui ait pour eux le charme qu’a celle à laquelle nous aspirons.

« Voilà deux pauvres missionnaires, éloignés de quatre à cinq mille lieues de leur patrie, de leurs parents, de leurs amis, sans secours humains, sans protecteurs, presque sans asile au milieu d’un peuple étranger de mœurs et de langage, proscrits par les lois, traqués comme des bêtes malfaisantes, ne rencontrant, semées sous leurs pas, que des peines, n’ayant devant eux que la perspective d’une mort cruelle ; assurément il semble qu’il ne devrait pas y avoir au monde une situation plus accablante.

« Eh bien, non ! le Fils de Dieu, qui a bien voulu devenir fils de l’homme pour se faire le compagnon de notre exil, nous