Page:Launay, Dallet - La Corée et les missionnaires, 1901.pdf/272

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

capitale, tandis que M. Daveluy allait se cacher dans une petite chrétienté sur les montagnes. Peu à peu, grâce à son application, il fut à même de bégayer les premiers mots de la langue coréenne, et, deux mois après son arrivée, il ravissait de joie par sa science les bons néophytes, si heureux de posséder un prêtre au milieu d’eux.

La tâche des deux missionnaires était immense. La persécution avait non seulement enlevé aux chrétiens leurs pasteurs et leurs principaux chefs, mais elle les avait dispersés au loin, dans une foule de petits villages qu’il fallait parcourir et visiter au prix de fatigues inouïes. Partout il y avait des ruines à relever, des chrétiens à instruire, des apostats à réconcilier et même des païens à baptiser. Mgr Ferréol et M. Daveluy se donnèrent de grand cœur à cette œuvre de réparation, dès que la connaissance de la langue le leur permit, et en peu de temps les chrétiens apprirent à connaître et à apprécier les nouveaux apôtres que leur avait envoyés la Providence.

Mgr Ferréol n’oubliait pas son autre compagnon qu’il avait laissé en Chine avec Thomas T’soi, et il s’efforçait de lui offrir les moyens d’entrer en Corée. Ce zélé missionnaire n’avait pas été heureux dans les différentes tentatives qu’il avait faites pour pénétrer dans sa mission par la voie de terre. Désespérant du succès de ce côté, malgré les dangers que lui-même avait courus sur mer, il résolut de le faire venir par cette même voie qu’il considérait comme plus prompte et moins surveillée par le gouvernement coréen. Il jeta donc les yeux sur le P. André Kim pour cette nouvelle expédition, et lui donna ordre d’explorer les îles et la côte et de s’aboucher avec les marchands chinois et les pêcheurs de perles qui viennent tous les ans dans ces parages pour leurs affaires.