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qu’il conversait avec le mandarin. Il lui demanda un jour s’il y avait des chrétiens en Corée et si le roi les persécutait encore. Le mandarin répondit affirmativement aux deux questions, et ajouta qu’on était résolu d’en finir avec cette secte impie, en mettant à mort tous ceux que l’on rencontrerait.

Le temps, qui semblait bien long aux matelots, paraissait trop court à M. Maistre et à Thomas ; car ils craignaient de partir avant d’avoir pu s’aboucher avec des chrétiens et d’avoir trouvé le moyen de débarquer sur la presqu’île coréenne. Après tant d’années d’attente, après tant de voyages et de fatigues, un naufrage les avait jetés providentiellement sur le territoire de leur mission, et peut-être leur faudrait-il quitter cette terre si longtemps désirée.

« Chaque soir, écrivait plus tard Thomas, je regardais de tous côtés pour voir si quelque barque chrétienne ne viendrait pas vers nous, et je languissais dans la prière et dans l’attente. Un jour, j’étais allé dans un bourg voisin pour quelque affaire, et je revenais la nuit suivante dans une barque avec quelques Coréens. Je me mis à leur parler de religion en leur traçant dans la paume de la main des caractères chinois. Un d’eux me dit :

« — Est-ce que vous connaissez Jésus et Marie ?

« — Qui, repris-je ; et vous, les connaissez-vous ? leur rendez-vous un culte ? »

« Il me répondit affirmativement, et interrompit aussitôt la conversation de peur d’être remarqué des païens qui l’entouraient. »

Le lendemain, il fallut s’embarquer pour la Chine sur des navires anglais qui, à la première nouvelle du naufrage, étaient accourus porter secours aux Français.

Après ce départ le gouvernement coréen, craignant de nouvelles visites des barbares étrangers, résolut de répondre à la lettre du commandant Cécille.

Il envoya par Pékin une dépêche qui fut remise à M. Lapierre à Macao, et en même temps une proclamation royale fit connaître cette pièce dans tout le royaume.

« L’an passé, des gens de l’île d’Or-ien-to, qui fait partie du