Page:Launay, Dallet - La Corée et les missionnaires, 1901.pdf/284

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royaume de Corée, nous remirent une lettre, apportée, disaient-ils, par des navires étrangers. Nous fûmes tous étonnés à cette nouvelle, et, ouvrant la lettre, nous reconnûmes qu’elle était adressée à nos ministres par un chef de votre royaume. Or cette lettre disait :

« Trois hommes vénérables de notre pays : Imbert, Maubant et Chastan ont été mis à mort par vous. Nous venons vous demander pourquoi vous les avez tués. Vous direz peut-être que la loi défend aux étrangers d’entrer dans votre royaume, et que c’est pour avoir transgressé cette loi qu’ils ont été condamnés. Mais si des Chinois, des Japonais ou des Mandchoux viennent à entrer en Corée, vous n’osez pas les tuer et vous les faites reconduire dans leur pays. Pourquoi donc n’avez-vous pas traité ces trois hommes comme des Chinois, des Japonais ou des Mandchoux ? S’ils avaient été coupables d’homicide, d’incendie ou d’autres crimes semblables, vous auriez bien fait de les punir et nous n’aurions rien à dire ; mais comme ils étaient innocents, et que vous les avez condamnés injustement, vous avez fait une injure grave au royaume de France. »

« À cette lettre nous ferons une réponse claire.

« En l’année kei-haï (1839), on a arrêté en Corée des étrangers qui s’y étaient introduits, nous ne savons pas à quelle époque. Ils étaient habillés comme nous et parlaient notre langage ; ils voyageaient la nuit et dormaient pendant le jour ; ils voilaient leur visage, cachaient leurs démarches et étaient associés avec les rebelles, les impies et les scélérats. Conduits devant le tribunal et interrogés, ils ont déclaré se nommer : l’un Pierre Lo, autre Jacques Tsang. Sont-ce là les hommes dont parle la lettre de votre chef ?

« Dans l’interrogatoire, ils n’ont pas dit qu’ils étaient Français, et quand bien même ils l’auraient dit, comme nous entendions parler de votre pays pour la première fois, comment aurions-nous pu ne pas appliquer notre loi qui défend d’entrer clandestinement dans notre royaume ? Quand même nous aurions su que les hommes que nous avons fait mourir étaient Français, leurs actions étant plus criminelles que celles des homicides et des