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nuelle de dépasser leurs instructions et d’encourir un blâme sévère pour les actes du patriotisme le plus éclairé, ils surent se montrer dévoués à la sainte cause des missions et trouver les moyens de favoriser la prédication de l’Évangile. Leurs noms seront toujours chers aux Églises de l’Extrême-Orient, et, malgré tous les désastres qui ont suivi, la mission de Corée en particulier n’oubliera pas ce qu’ils ont fait ou voulu faire.

Le naufrage des vaisseaux français avait enorgueilli les Coréens, comme s’il eût été le fait de leur bravoure : ils affichaient le plus profond mépris pour les barbares d’Europe ; ils ne parlaient plus que d’exterminer tous les chrétiens. Cependant cette ardeur tomba peu à peu ; la mort du roi, des révolutions du palais tournèrent les esprits d’un autre côté, et les missionnaires purent accomplir en paix l’œuvre de Dieu. Malheureusement Mgr Ferréol, usé avant l’âge par les labeurs de l’apostolat, mourut le 5 février 1853 ; il n’avait que quarante-cinq ans.

Il fallait cacher cette mort aux païens du voisinage. M. Daveluy revêtit le corps du vénérable défunt des habits sacerdotaux, avec quelques insignes de la dignité épiscopale, et vers minuit on le transporta secrètement dans une autre maison plus retirée.

Le lendemain, le missionnaire célébra le saint sacrifice ; il plaça ensuite le corps dans un cercueil en bois de pin, qui fut recouvert extérieurement d’une couche épaisse de vernis, sur laquelle on inscrivit les noms et qualités de l’évêque de Belline.

Le tout fut enfermé, selon l’usage du pays, dans un autre cercueil plus léger destiné à protéger le vernis.

La neige et les glaces ne permettant pas de faire immédiatement l’inhumation, le cercueil fut confié à un bon chrétien qui en demeura chargé pendant deux mois, et ce ne fut que le 11 avril, pendant la nuit, que M. Daveluy put rendre les derniers devoirs à son évêque.

Mgr Ferréol avait témoigné le désir d’être enterré auprès de Mgr Imbert, son prédécesseur, ou auprès du prêtre indigène André Kim. L’opposition de quelques païens ayant rendu le premier endroit d’un accès difficile, c’est auprès du martyr André,