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« L’avant-garde nous précédait de quelques pas ; venait ensuite le commandant, en tête de son détachement, puis quelques bagages et les chevaux qui portaient notre déjeuner. Nous n’avions pas d’artillerie, quoique la veille on eût parlé d’emmener quelques petites pièces ; je ne sais pourquoi on changea d’avis. Nous allions assez doucement, nous reposant d’heure en heure. En suivant la grande route qui est assez belle, nous passâmes quelques collines, et nous aperçûmes bientôt des murailles qui longent le sommet des montagnes. Sur la route, presque toutes les maisons étaient désertes. Un habitant nous dit que la veille il y avait beaucoup de soldats à la pagode. Nous vîmes, en effet, un certain mouvement aux environs et plusieurs hommes qui gravissaient la montagne en se dirigeant vers la forteresse ; car cette pagode est en réalité une petite place forte, habitée ordinairement par des bonzes soldats.

« Nous ne voyions pas la pagode même, car elle est placée dans un ravin, au milieu d’un cercle de montagnes dont les sommets sont garnis de remparts de quatre mètres de hauteur bâtis sans ciment, avec de grosses pierres à demi taillées entassées les unes sur les autres. On n’y pénètre que par une seule route facile ; c’est celle que nous suivîmes après avoir tourné à droite, afin d’attaquer du côté opposé à celui d’où nous venions.

« Il était onze heures et demie ; quelques-uns proposèrent de déjeuner, mais on trouva qu’ll serait plus facile de s’établir dans la pagode et de déjeuner dans le palais même de Bouddha.

« Nous quittâmes la grand’route pour prendre le sentier qui conduit à la pagode. Un Coréen parut en armes tout près de nous ; deux ou trois coups tirés trop au hasard ne purent atteindre ; trois de nos hommes se mirent à sa poursuite, mais il avait disparu. Nous n’étions plus qu’à trois ou quatre cents mètres de la porte, nous nous reposâmes un instant. Nous avions devant nous une muraille épaisse et solide, qui fermait le ravin et s’élevait des deux côtés sur les pentes de la montagne. La porte, en pierres de taille, voûtée en plein cintre, n’avait pas de battants, comme c’est souvent le cas.