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« Je considérais très attentivement ce qui se passait à l’intérieur.

« À notre arrivée, j’avais entendu quelques cris ; maintenant tout était muet comme dans un désert. On donna le signal d’avancer : un détachement prit à droite pour gravir la colline ; le principal corps, précédé de lavant-garde, se dirigea droit sur la porte. Nous n’étions pas à cent mètres, et l’avant-garde était beaucoup plus rapprochée, lorsqu’une décharge subite se fit entendre sur toute la longueur de la muraille ; les coups se mêlaient, se succédaient, sans intervalle ; et les balles sifflaient de tous les côtés à nos pieds et sur nos têtes. Je me détournai et vis presque tout le monde couché ; chacun se cachait où il pouvait pour se mettre à l’abri et attendre la fin de la fusillade. J’en fis autant.

« Nos soldats ripostaient par un feu bien nourri, tout en descendant chercher une position plus favorable ; mais que pouvaient leurs balles contre des murailles et contre des hommes dont on ne voyait que la tête ? »

Enfin, après d’héroïques mais inutiles efforts, le détachement dut se replier sur Kang-hoa, emportant plus de trente blessés et tenant vigoureusement tête à l’ennemi qui le poursuivait.

Il était facile encore de réparer ce petit échec, en entrant avec la flottille dans le fleuve de Séoul et en allant bombarder la capitale. L’amiral craignit d’engager une affaire trop sérieuse, sans instructions de son gouvernement, et il appareilla pour la Chine.

À ce moment même, MM. Féron et Calais essayaient de le rejoindre ; mais, n’ayant pu arriver à temps, ils se firent conduire à Tche-fou par des barques chinoises.

La Corée n’avait plus de missionnaires, et de longues années devaient s’écouler avant qu’aucun d’eux pût remettre le pied sur son sol.