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Trois mois plus tard, le 8 octobre 1895, le même complot, repris en sous-œuvres sans doute, fui exécuté. Des Japonais, parmi lesquels des soldats et des agents de police, allèrent chercher le régent à sa maison de campagne et le conduisirent au palais royal ; pendant ce temps, d’autres conjurés escaladaient les murs du palais, en gardaient les issues, et des assassins se mettaient à la poursuite de la reine.

Après une résistance insignifiante et quelques coups de fusils tirés, la garde royale prit la fuite, et les traîtres eurent le champ libre. Un général fut tué à son poste devant la porte du palais, et un ministre près des appartements royaux. La reine fut tuée aussi, et son cadavre brûlé. Il y avait avec les Japonais des soldats coréens formés par eux ; mais la plupart, sauf quelques chefs, n’ont pas su à quelle besogne on les employait.

Quoique la légation du Japon ait nié toute participation de sa part, son personnel a été renouvelé, et les principaux meneurs de la révolution rappelés au Japon. En même temps, le cabinet de Tokio exprimait sa plus vive indignation pour les crimes commis et envoyait un ambassadeur spécial porter ses condoléances au roi.

Pendant ce temps et comme pour dérouter l’opinion, les Japonais jusque-là tout-puissants amenaient le roi à rendre un décret réhabilitant la reine défunte, et quelques jours plus tant, le 1er décembre, on annonçait officiellement sa mort ; tout le royaume se mit en deuil. On réussit même à trouver trois Coréens, gens obscurs et inconnus, qui furent soi-disant convaincus d’avoir assassiné la reine et comme tels exécutés le 20 décembre.

Cependant toutes ces menées ne réussissaient pas à tromper l’opinion : on sentait que le peuple rongeait son frein, qu’il gémissait sous l’oppression de ses maîtres du jour et que sa sympathie était toute pour le pauvre roi, gardé à vue dans son palais comme prisonnier du parti au pouvoir. Le 28 novembre, une tentative fut faite pour lui rendre sa liberté ; elle échoua. Des patriotes conjurés avaient rassemblé quelques centaines d’hommes de bonne volonté et s’étaient rendus, en secret, derrière le palais royal, prêts à y entrer dès que la porte leur serait ouverte ; ils