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la Chine : car, pour son autonomie, la Corée était encore loin de l’avoir. Le parti progressiste au pouvoir fut doublé dans tous les ministères de conseillers japonais ; aussi l’année fut-elle très fertile en réformes, en projets surtout. On s’est attaqué à tous les abus à la fois, ou a tout réglementé, jusqu’à la couleur des habits et la longueur des pipes. À côté des réformes ridicules de ce genre, il y en a d’autres très sages et dont le pays profiterait beaucoup, pourvu qu’elles fussent appliquées. Or c’est là précisément ce qui a manqué jusqu’ici, et, de toutes tes nouvelles mesures édictées et promulguées au Journal officiel, on peut dire qu’il n’y en a peut-être pas une sur cent qui soit observée.

Les anciens abus subsistent à côté de la réglementation nouvelle, et les populations n’ont qu’une médiocre confiance dans ce régime, auquel elles ne comprennent rien.

Les chrétiens n’ont pas eu plus que les autres à souffrir de cet état de choses ; plus que tous même ils ont profité des secours envoyés par les Japonais contre les rebelles, et qui ont tant contribué à ramener le calme dans le pays.

Celui de tous qui a le plus souffert de ces réformes fut le roi. Habilité à gouverner par lui-même, il s’est difficilement résigné au rôle effacé, auquel on l’a réduit, de n’avoir plus guère qu’à approuver et à contresigner les mesures et les nominations préparées par ses ministres. Pour écarter cette main des Japonais qui lui pesait tant, il a cherché tous les moyens, et, n’en trouvant pas d’autre, il s’est tourné de nouveau vers l’ancien parti au pouvoir, celui des parents de la reine. Cela n’a guère servi qu’à accentuer la défiance entre le souverain et ses ministres et peut-être à susciter les révolutions qui ont suivi.

Le 7 juillet au matin, on apprenait qu’un mandat d’arrêt venait d’être lancé contre l’un des anciens proscrits, le ministre de l’intérieur Pak-yeng-hyo. Il était accusé d’avoir voulu envahir le palais à la tête d’une troupe de Japonais, pour attenter à la vie du roi et de la reine. On n’a jamais su si cette accusation était fondée ; le prévenu se réfugia à temps à la légation du Japon, qui favorisa son évasion, et, après quelques jours d’émotion, tout rentra dans le calme ordinaire.