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qui doivent porter le corps étant ainsi réunis, on les divise en compagnies ayant chacune leur numéro et leur bannière, et on les fait exercer, pendant le temps voulu, pour que la cérémonie s’exécute dans le plus grand ordre.

Le jour de l’enterrement étant enfin arrivé, on place le corps du défunt dans son cercueil sur un énorme brancard magnifiquement orné, et chaque compagnie se relève pour le porter en pompe sur la montagne désignée comme lieu de sépulture. Toutes les troupes sont convoquées, tous les grands dignitaires en costume de deuil accompagnent le roi, qui presque toujours préside en personne à la cérémonie. On enterre le corps suivant les rites prescrits, et on offre les sacrifices d’usage, au milieu des cris, des pleurs, des hurlements d’une foule innombrable.

Quelques mois plus tard, un monument s’élève sur la tombe, et, tout auprès, on bâtit un hôtel pour loger les mandarins chargés de garder la sépulture et d’offrir, à certaines époques, les sacrifices moins solennels. Tout le pays environnant, quelquefois jusqu’à trois ou quatre lieues de distance, dépend désormais du tombeau royal, et toute autre inhumation y est interdite. On fait même exhumer les corps qui ont été auparavant enterrés dans cet espace, ou, si personne ne se présente pour les réclamer, on rase le petit tertre qui est sur les tombes afin d’en faire disparaître la trace et le souvenir.

Chaque roi étant enterré à part, les sépultures royales sont assez nombreuses dans le pays. Les nobles préposés à leur garde sont ordinairement de jeunes licenciés qui se destinent aux fonctions publiques. C’est pour eux le premier pas dans la carrière, et après quelques mois, ils obtiennent de l’avancement et passent à d’autres emplois. Ils sont ordinairement deux ou trois ensemble, avec un établissement de serviteurs et d’employés subalternes, analogue à celui des mandarins. Outre le soin d’offrir les sacrifices, ils sont chargés de faire la police sur tout le territoire qui dépend du tombeau, car ce territoire est soustrait à la juridiction des mandarins ordinaires des districts. Les gardiens des tombes royales relèvent directement du conseil des ministres.