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trouve une cour inférieure, qui correspond à nos tribunaux de police correctionnelle ; on l’appelle sa-kouang-tseng. Le tribunal des crimes a juridiction sur les gens du peuple et sur les nobles qui ne sont pas dignitaires publics, pour les crimes de toute espèce, excepté ceux de rébellion et de lèse-majesté.

Un tribunal spécial, appelé Keum-pou, et dont les membres sont nommés directement par le roi, a seul le droit de juger les fonctionnaires publics, et peut seul connaître des actes de rébellion et de lèse-majesté, quels que soient les coupables. Dans ce dernier cas, la famille du condamné est enveloppée tout entière dans sa punition, et ses parents sont tous destitués ou exilés, ou même mis à mort. Lors du martyre d’Augustin Niou, en 1801, vingt-six mandarins de ses parents, tous païens, furent destitués, et son frère aîné fut envoyé en exil. Lorsqu’un meurtre a été commis dans un district, le mandarin local ne peut, à lui seul, examiner et décider la cause ; le gouverneur en désigne deux autres qui se réunissent à lui pour faire le procès.

Aucun mandarin ordinaire ne peut, de sa propre autorité, faire exécuter une sentence d’exil ou de mort. Les gouverneurs de province eux-mêmes n’ont ce droit qu’avec certaines restrictions, et presque toujours, quand il s’agit de la peine capitale, ils font d’abord approuver la sentence par le ministre des crimes. Mais, en échange, les juges ne répondent pas d’un coupable qui meurt sous les coups dans les interrogatoires, ce qui est assez fréquent, et souvent ils prennent ce moyen d’en finir le plus vite possible, afin de s’éviter les embarras d’un procès en règle. Ils ont d’autres moyens encore de simplifier les formalités d’une longue procédure.

Ainsi, un jour, un jeune domestique s’étant pris de querelle avec le fils d’un noble, le tua d’un coup de cognée dans le bas-ventre. L’assassin fut saisi aussitôt et traîné devant le mandarin. Parmi les témoins se trouvait le père de la victime. Après quelques questions, le mandarin fit apporter une cognée et, la plaçant dans les mains du père, lui dit  :

« Montre-moi comment cet homme a frappé ton fils. »

Son but était de faire tuer le coupable sur place par le père,