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teur doit à chaque coup casser la règle, il y en a toujours trente de préparées pour chaque accusé.

Les verges sont entrelacées trois ou quatre ensemble, et forment des cordes avec lesquelles on fustige le patient, mis à nu, sur tous les membres.

Les bâtons sont de la taille d’un homme et plus gros que le bras. Quatre valets, entourant l’accusé, le frappent tous à la fois de la pointe, dans les hanches et sur les cuisses.

3o La dislocation et la courbure des os (tsouroi-tsil). — On en distingue trois espèces. Le kasai-tsouroi qui consiste à lier fortement ensemble les deux genoux et les gros doigts des deux pieds et à passer dans l’intervalle deux bâtons que l’on tire en sens contraire jusqu’à ce que les os se courbent en arc, après quoi on les laisse revenir lentement à leur position naturelle. Le tsoul-tsouroi diffère du précédent en ce qu’on lie d’abord ensemble les doigts des deux pieds ; puis on place entre les jambes une grosse pièce de bois, et deux hommes, tirant en sens contraire des cordes attachées à chaque genou, les rapprochent peu à peu jusqu’à les faire toucher. Le pal-tsouroi est la dislocation des bras. On les attache derrière le dos l’un contre l’autre jusqu’au-dessus du coude, puis avec deux gros bâtons qu’on emploie comme leviers, on force les épaules à se rapprocher. Après quoi l’exécuteur délie les bras, et, appuyant un pied sur la poitrine, les ramène à lui pour remettre les os à leur place. Quand les bourreaux sont habiles, ils savent comprimer les os de façon à les faire seulement ployer ; mais s’ils sont novices et inexpérimentés, les os se rompent au premier coup, et la moelle s’en échappe avec le sang.

4o La suspension (hap-tsoum). — On dépouille le patient de tous ses vêtements, on lui attache les mains derrière le dos, et on le suspend en l’air par les bras ; puis quatre hommes se relèvent pour le frapper tour à tour à coups de rotin. Au bout de quelques minutes, la langue couverte d’écume pend hors de la bouche, le visage prend une couleur violet sombre, et la mort suivrait immédiatement si l’on ne descendait la victime, pour la laisser reposer quelques instants, après quoi on recommence. Le tsou-