Page:Launay, Dallet - La Corée et les missionnaires, 1901.pdf/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à droite et à gauche des mouvements saccadés qui le font horriblement souffrir. Arrivé au lieu de l’exécution, on le dépouille de ses habits ; le bourreau le fait agenouiller, lui place un billot sous le menton, et lui tranche la tête. D’après la loi, un général devrait accompagner le cortège ; mais il est rare qu’il se rende jusqu’au lieu de l’exécution. Quelquefois, quand il s’agit d’un coupable dangereux et que les ordres de la cour pressent, on ne remplit pas les formalités habituelles, et l’exécution a lieu à l’intérieur de la ville, près de la porte de l’ouest.

Pour les rebelles et les criminels de lèse-majesté, il y a une troisième espèce d’exécution publique. Tout se passe comme nous venons de le dire ; mais après que la tête est séparée du tronc, on coupe les quatre membres, qui, avec la tête et le tronc, forment six morceaux. Autrefois on ne se servait pas de la hache ou du sabre pour enlever les membres ; on les attachait à quatre bœufs qui, aiguillonnés en sens contraire, écartelaient le corps du décapité.

L’exécution militaire n’a lieu qu’à la capitale ; les deux autres se font aussi dans les provinces, avec cette différence que les patients sont conduits au lieu du supplice sans croix ni charrette.

Habituellement les corps des suppliciés sont rendus à leurs familles, et, quand plusieurs sont exécutés à la fois, on attache au corps de chacun des plaques de métal ou d’autres signes particuliers pour les faire reconnaître. Quelquefois on les enterre en secret, sans marque aucune, dans des lieux écartés, afin qu’il soit impossible de les retrouver. Quant aux grands criminels, dont le corps est coupé en six morceaux, l’usage est d’envoyer les membres dans les diverses provinces pour effrayer le peuple et décourager les conspirations. De vils satellites promènent ces lambeaux hideux sur les grandes routes, et se font donner de l’argent par tous ceux qu’ils rencontrent. Personne n’ose leur résister, car ils voyagent au nom du roi, et pour une affaire d’État. Mgr Ferréol raconte que, pendant la persécution de 1839, les satellites gardaient ordinairement pendant trois jours les corps des martyrs pour empêcher les chrétiens de les enlever.