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tence s’exécute en secret, par le poison. Généralement, on fait entrer la victime dans une chambre extraordinairement chauffée ; on lui donne une forte dose d’arsenic, et il meurt en peu de temps. Tous les autres coupables sont mis à mort publiquement.

Il y a trois sortes d’exécutions solennelles :

La première est l’exécution militaire, nommée koun-moun-hio-siou. Elle se fait dans un lieu spécial, à Sai-nam-to, à dix lys de la capitale. Cet endroit est quelquefois aussi appelé No-toul, du nom d’un village qui se trouve non loin de là, sur les bords du fleuve. Le condamné y est porté sur une litière en paille. L’exécution doit être présidée par le général commandant l’un des grands établissements militaires de la capitale. Les troupes commencent par faire autour du patient une série de manœuvres et d’évolutions ; puis on lui barbouille le visage de chaux, on lui lie les bras derrière le dos, et, lui passant un bâton sous les épaules, on le promène à diverses reprises autour du lieu du supplice. Ensuite on hisse un drapeau au sommet d’un mât, et on lit à haute voix la sentence avec tous ses considérants. Enfin on passe une flèche, la pointe en haut, dans chaque oreille repliée ; on dépouille le condamné de ses vêtements jusqu’à la ceinture, et les soldats, courant et gesticulant autour de lui, le sabre à la main, font voler sa tête.

La deuxième espèce d’exécution publique, est celle des coupables ordinaires. Elle a lieu en dehors de la petite porte de l’ouest. Au moment voulu, on amène devant la prison une charrette au milieu de laquelle est dressée une croix de six pieds ou six pieds et demi de haut. Le bourreau entre dans le cachot, charge le condamné sur ses épaules, et vient l’attacher à la croix par les bras et les cheveux, les pieds reposant sur un escabeau. Quand le convoi arrive à la porte de l’ouest, où commence une pente très rapide, le bourreau enlève l’escabeau par un mouvement subit, et le conducteur pique les bœufs, qui se précipitent sur la descente. Comme le chemin est raboteux et rempli de pierres, la charrette fait des cahots terribles, et le patient, n’étant plus soutenu que par les cheveux et les bras, reçoit