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La noblesse est héréditaire, et comme les emplois et dignités sont le patrimoine à peu près exclusif des nobles, chaque famille conserve avec une précaution jalouse ses tables généalogiques, ainsi que des listes complètes, détaillées et fréquemment révisées, de chacun de ses membres vivants. Ceux-ci ont grand soin d’entretenir des relations suivies entre eux, et avec le représentant de la branche principale de leur race, afin de trouver appui et protection en cas de besoin.

Autrefois, et pendant plusieurs siècles, la loi ne reconnaissait comme nobles que les descendants légitimes des familles aristocratiques. Il n’y avait d’exception que pour les bâtards des rois, qui toujours ont été traités comme nobles de droit. Mais depuis plus d’un siècle, les enfants naturels des nobles, qui jadis formaient une classe à part et très inférieure, sont devenus tellement nombreux et puissants, qu’ils ont peu à peu usurpé tous les privilèges des véritables nobles. En 1857, un décret royal a renversé les dernières barrières qui les séparaient des enfants légitimes, en leur reconnaissant, comme à ceux-ci, le droit de parvenir à presque toutes les dignités du royaume. Quelques-unes sont encore exceptées, par un reste de respect pour les anciennes coutumes ; mais l’exception ne peut tarder à disparaître complètement. Néanmoins, les vrais nobles conservent toujours au fond du cœur un grand mépris pour ces parvenus, mépris qui se manifeste assez fréquemment, bien que, dans les relations ordinaires de la vie, ils soient obligés de les traiter avec toutes les formes habituelles du respect et de l’étiquette.

Tous les nobles ont certains privilèges communs, tels que celui de ne pas être inscrits sur les rôles de l’armée, celui de l’inviolabilité pour leurs personnes et leurs demeures, celui de porter chez eux le bonnet de crin, qui est le signe distinctif de leur rang, etc.

Cependant il y a dans la noblesse divers degrés plus ou moins élevés. Les familles de ceux qui ont rendu à l’État des services signalés, ou accompli quelque grand acte de dévouement à la personne du roi, ou acquis une réputation exceptionnelle de science, de piété filiale, etc., sont beaucoup plus influentes que